Sous le soleil de l'amour 13

Publié le par paul geister

-          Alors tout le monde n’est pas couché dans c’te baraque, tonitrua la voix d’Irène. Un rire masculin accompagna la remarque.

La jeune femme apparut à moitié déshabillée, le bras autour d’une sorte de gorille qui avait l’air dans un état d’ébriété encore plus avancé qu’elle.

-          On essaie de me piquer mon petit voisin. Belle mentalité. Cela ne m’étonne pas que ton gars soit allé voir ailleurs, dit-elle en éclatant d’un rire gras toujours soutenue par son singe.

-          Voyons Irène tu n’es pas dans ton état normal.

-          Mais si, je vais très bien. Regarde, je tiens debout toute seule.

Irène ôta sa main du cou de son camarade de beuverie afin de prouver ce qu’elle avançait. Elle vacilla pendant un temps, toute seule, eut un début de perte d’équilibre. Elle se rattrapa d’extrême justesse, ou plutôt Bruno la rattrapa au vol.

-          Ah, mon petit voisin, regarde comme il est galant celui-là. Toujours prévenant avec les dames, puis se tournant vers sa copine déclara :

-          Toi, tu ne peux pas savoir, tu n’es qu’une demoiselle. Une fille quoi ! une fille de mauvaise vie qui entraîne les garçons sur les mauvais chemins.

-          Allons, Irène calme-toi, tu ne sais plus ce que tu dis.

-          Mais si, mais si. Si mon Kévin il est parti c’est de ta faute. Avec tes petits plats dans les grands. Foutaises. Un mec si tu veux le retenir, il faut le prendre par les couilles.

Et joignant le geste à la parole elle plaqua sa main sur l’entrejambe de Bruno qui la tenait toujours. Celui-ci grimaça de douleur et se dégagea comme il put de l’emprise d’Irène.

-          Sacré paquet, fit Irène en s’écroulant sur le divan les jambes à l’air.

Véra et Bruno restaient perplexe devant cette fille qui semblait possédée par le démon.

De sa voix éraillée, Irène appela son gorille à la rescousse.

-          Yvan, à moi, on me maltraite. Tu m’avais dit que tu prendrais ma défense si l’on m’attaquait.

Yvan grogna. Il avait compris l’ordre. Il s’élança en titubant afin de harponner Bruno. Mais ce dernier n’eut aucun mal à esquiver l’attaque. Du coup, Yvan alla s’écrouler avec sa maîtresse. Sous le poids des deux corps le divan bascula et les deux amants se retrouvèrent tête bêche. Mais déjà le couple prenait une autre direction dans le débat. Irène se mit à embrasser tout ce qu’elle pouvait son Yvan. Yvan se mit en route à déshabiller Irène. Cela ne prit pas trop de temps, devant le regard éberlué des deux jeunes gens pour voir apparaître les deux fesses blanches d’Irène au milieu des coussins. Le couple infernal ne s’intéressait plus du tout à Véra et Bruno.

-          Si on les laissait ? proposa Bruno. En fermant la porte d’entrée, Véra jeta un regard à l’horloge du salon. Elle ne s’était rendu compte de rien mais le temps avait tourné à une vitesse folle.

-          Il est déjà quatre heures du matin, fit Véra en se serrant les bras sur elle-même, pour empêcher sa peau de frissonner tout de suite.

-          Quatre heures du matin ! mais nous avons parlé comme des moulins.

-          Nous avions du grain à moudre.

Il constata que Véra grelottait déjà.

-          Tenez, prenez ma veste elle vous tiendra chaud. Je ne vais pas vous proposer de nous séparer maintenant. Venez plutôt passer la nuit chez moi. J’ai deux chambres d’ami. Vous pourrez choisir.

Elle hésita un instant seulement. Elle n’avait aucune envie de retourner chez Irène pour entendre de nouvelles insanités et pour voir ce couple de débauchés se rouler sur le tapis devant la porte de sa chambre.

-          D’accord, accepta-t-elle avec un grand sourire. Décidément elle ne pouvait pas savoir de quoi le lendemain serait fait. En deux jours, cela faisait deux fois qu’elle changeait d’appartement. Si sa vie pouvait changer à cette vitesse là, pensa-t-elle avec mélancolie. La blessure de la séparation d’avec Benoît restait en elle mais elle commençait à cicatriser.

Ils n’eurent qu’à traverser le jardin et ils se retrouvèrent dans la grande maison de Bruno.

-          C’est un peu vide mais bon, le célibat n’est pas une école de décoration d’intérieur.

Elle rit. Il lui montra sa chambre, la salle de bain, lui prêta une serviette de bain rose et un gant de toilette ainsi qu’une brosse à dents :

-          Ne vous inquiétez pas ces affaires sont neuves. J’en garde toujours au cas où !

-          Et il y a beaucoup d’au cas où ? demanda-t-elle d’un air taquin.

-          Pas assez à mon goût.

Cette fois le sourire qu’il lui donna était un peu mélancolique, mais jamais il n’avait été aussi beau.

-          Bonne nuit, dit-il en faisant volte-face en gagnant sa propre chambre qui était à l’étage.

-          Bonne nuit, fit-elle toute molle et comme figée sur le pas de sa porte. Et faites de beaux rêves, murmura-t-elle sans qu’il puisse l’entendre. Enfin elle se secoua et mit sur le compte de la fatigue le trouble qui venait de l’envahir.

Publié dans jeux d'écriture

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